Je m’adresse à vous au nom de tous les membres du Rotary Club Le Mans Bérengère et plus particulièrement, au nom de son Président Thomas MARTINEAU.
C’est une mission délicate de mettre des mots vivants sur ami défunt, d’autant plus que les souvenirs vécus sont de longue date. René a toujours eu l’esprit club chevillé au corps.
D’abord à la Table ronde française dont il a été le Vice Président national et qu’il a quitté, comme tous à l’âge de 40 ans, après avoir forgé une amitié solide avec bon nombre de membres qui rejoindront ensuite le Rotary. Ensuite, il participe activement aux réunions du comité de formation où il a contribué, avec d’autres copains dont certains sont encore vivants, à poser les murs porteurs du club Rotary Bérengère avec les valeurs essentielles que sont l’amitié, la tolérance et la solidarité.
En pleine gloire dans les années 80, le cinéaste Claude Sautet aurait pu en faire un film titré “ René, Jean-Claude, François et les autres ”… Et dès 1978, l’année de naissance du Club Bérengère, René s’est fixé une ligne de conduite rotarienne faite de conviction et de passion pour ne plus jamais plus cesser d’agir en homme de pensée et de penser en homme d’action.
– Secrétaire de 1978 à 1982,
– Vice-Président en 1982-1983
– Président en 1983-1984.
– Référent auprès de la Fondation Rotary pendant 10 ans de 1995 à 2005.
– Acteur majeur de l’Action d’Intérêt Public Mondiale pour un hôpital d’enfants en Pologne sous les présidences de Guy Bonnans, Jean-Pierre Bonnargent et moi-même.
Membre d’honneur du RC de Torun, en l’an 2000, il a été aussi distingué de 4 Paul Harris Fellow par le Rotary international. Un Rotarien présent, assidu, actif, engagé, disponible et toujours serviable…
Quant à l’ami personnel, j’évoque ici quelques souvenirs comme autant de traits de caractère qui nous faisaient bien souvent sourire :
– De ton Médoc natal, tu appréciais tous les grands crus, ceux du Haut Médoc de préférence, cela va de soi !
– Tu tirais fierté de n’avoir pesé jamais plus de 50 Kg, en quelque sorte, tu te voyais poids plume… alors que nous te considérions poids lourd !
– Sur la route, tu aimais la vitesse mais aussi les stops “glissants“, au grand désespoir de Pitchoune, de tes deux filles et même de ta Safrane ; je me souviens, qu’au retour de notre action service en Pologne, tu avais regagné Le Mans après 1900 km en près de trois heures de moins que tous les autres participants !
– J’ai bien retenu la leçon: “à 99 km/h, tu perds la course ; à 101, tu te crashes; et à 100, tu la gagnes “ …
– Je me souviens aussi, du temps de la Table ronde, en pleine période de ton investissement professionnel maximum et de tes installations d’usines en Chine, que tu dictais le bulletin du Club par télex ou par fax et même par téléphone… en fait, tu avais inventé avant l’heure le travail en distanciel !!!
– Chacun garde aussi en mémoire votre accueil chaleureux lors de nos soirées d’été à La Hamerie; en voisin, j’avais pu constater que tu avais passé la journée entière à soigner les massifs du jardin et à tondre la pelouse au millimètre près pour qu’aucun petit brin d’herbe ne dépasse !
– Enfin, lors de ma dernière visite dans ton Ephad, un certain 7 mai… figuraient encore en bonne place sur ton bureau les fanions Table Ronde et Rotary. Avec ton petit sourire malicieux au coin des lèvres, tu as eu cette phrase: “ Rotarien un jour, Rotarien toujours “…
Nous garderons donc de toi, mon cher René, Henri-René pour ne pas te contrarier, le souvenir d’un ami exigeant, voire intransigeant mais avec un très grand coeur, un ami qui disait sans précaution ce qu’il pensait mais qui faisait ce qu’il disait.
Un témoin exemplaire de ce que doit être tout Rotarien: transformer à l’aide d’une action un malheur en bonheur, le désespoir en raison de vivre, la rencontre d’un jour en amitié indéflectible. C’est pourquoi, dans ce dernier adieu, malgré la tristesse qui envahit nos pensées, la sérénité l’emporte sur le chagrin.
A la douleur de nous quitter, nous substituons déjà le bonheur de nous êtes connus. Etrangement, nous recevons déjà la récompense que seuls réservent les grands amis : longtemps après leur mort, on est plus bien sûrs qu’ils soient morts.
Avec ton départ, René, je ne dirais pas qu’une page se tourne mais bien plus que l’on change de livre…
Voilà, Ami de toujours, ce mot est terminé et c’est bien dommage, car pendant que je le lisais, nous étions encore avec toi.
François BEDOUET